Sex Machines

Alice Delarue *

« Je ne veux pas être un être humain. Je veux être un cyborg. »1 Après s’être fait greffer deux puces électroniques dans le corps, le professeur Kevin Warwick, directeur du laboratoire de cybernétique de l’université de Reading en Grande Bretagne, est en passe d’accomplir son rêve : devenir le premier cyborg2 de l’histoire. Au cours de la première phase de son travail, « projet Cyborg 1.0 »3, un implant placé dans son bras a permis à un ordinateur de capter les signaux nerveux émis par son cerveau lors de ses mouvements : « Il savait ainsi à chaque instant où je me trouvais, que ce soit dans le laboratoire, à l’extérieur, etc. L’ordinateur m’ouvrait les portes, éteignait ou allumait les lumières sur mon passage et me saluait même à mon arrivée. »4 Mais, avec le projet « Cyborg 2.0 », Warwick a voulu aller plus loin : non seulement émettre vers un ordinateur, mais aussi recevoir, dans son corps, des signaux électroniques, soit établir une connexion radio entre les signaux du système nerveux humain et les signaux électroniques de l’ordinateur.
Au-delà de la recherche en cybernétique et des possibles applications militaires, où un soldat pourrait actionner son double robot à distance et « rester chez lui, à lire le journal, tout en faisant exploser l’ennemi », ou même du fantasme de ne vouloir faire qu’un avec son ordinateur5, on sent poindre chez le chercheur une dimension plus… libidineuse. Warwick avoue en effet que « Les robots et les cyborgs [l]’ont toujours excité ». Dans la seconde phase de ce projet, il a réussi à convaincre son épouse, Irena, de se faire implanter une puce similaire, grâce à laquelle les systèmes nerveux du couple ont pu communiquer « directement » – ainsi lorsque l’un bougeait la main, l’autre en ressentait les signaux. Cependant, pour le chercheur, ce n’est pas suffisant : « je voudrais avoir un implant pour connecter mon cerveau directement au cerveau de quelqu’un d’autre. — Je sais que tu veux faire cette expérience, lui répond sa femme, mais moi je n’ai vraiment pas envie. Ça ne me plaît pas trop que tu sois relié au cerveau d’une autre femme. » Madame Warwick a des raisons de s’inquiéter, car ce qui intéresse particulièrement son mari, c’est l’échange de signaux émotionnels – pouvoir ressentir la douleur ou la peur de l’autre6 –, mais aussi les applications érotiques : « Ce sera bien sur intéressant de réaliser des expériences sensorielles durant des rapports sexuels. Si vous êtes capable de ressentir les sensations éprouvées par votre partenaire, vous apprendriez assez vite à les stimuler, et à les accroître. Nous allons juste essayer quelques trucs et voir ce qui va se passer ». Encore plus ambitieux, il ajoute : « et ça nous donnera aussi une bonne idée des différences émotionnelles qui existent entre les femmes et les hommes. » Il nous tarde de les connaître.
Son objectif pour 2015 est donc la greffe, dans ses tissus cérébraux, d’une puce électronique qui, connectée aux neurones, pourrait lui permettre de communiquer à distance par télépathie. Warwick semble néanmoins avoir quelques intuitions lacaniennes, situant dans le langage l’un des obstacles de ce projet : « La parole est un mode de communication extrêmement lent, et souvent une cause d’erreur – elle n’a plus vraiment sa place dans notre nouveau monde technologique. Je crois vraiment que la parole mérite de disparaître et que ses jours sont comptés. » Selon lui, le parlêtre n’aura d’autre choix que de s’effacer devant le cyborg : « Certaines personnes pourront cependant choisir de rester humaines – c’est leur droit. Mais quelque chose me dit qu’elles constitueront une sorte d’espèce inférieure. »
En attendant la révolution cybersexuelle que nous promet Warwick, il y existe déjà RoXXXy, le premier robot sexuel, présentée l’année dernière au salon de l’érotisme de Las Vegas. Non contente de proposer à son propriétaire d’avantageuses mensurations, une douce peau synthétique, « divers capteurs placés aux endroits stratégiques »7, et bien sûr des organes sexuels, elle possède une intelligence artificielle lui permettant d’accorder son comportement aux désirs de son partenaire. Selon son créateur, « c’est une vraie compagne. Elle a une personnalité. Elle vous entend et vous écoute. Elle parle. Elle sent quand on la touche. Elle dort. » Un internaute note, acerbe : « Attention à ne pas trop faire évoluer les poupées gonflables… sinon elles vont se mettre à parler, puis à râler et enfin à nous pourrir la vie. Pour ça nous avons déjà des vraies femmes ». Justement, pour s’adapter au mieux au fantasme de son utilisateur, RoXXXy propose plusieurs types de personnalité : l’aventureuse, l’extravertie, la timide, la femme sage et la dominatrice. Époque oblige, elle dispose en outre d’une connexion WIFI permettant mises à jour, réparations à distance et envois d’emails.
Les robots sexuels restent peu abordables, mais le cybersexe est lui en pleine expansion : les chats érotiques, où des « performeurs » monnayent des relations sexuelles virtuelles pour quelques dollars, se multiplient sur le net ; tandis qu’avec eux émerge « un nouveau prolétariat mondial », les travailleurs du sexe 2.0 qu’aucune réglementation du travail ne reconnaît8. Des évolutions technologiques sont prévisibles, notamment avec l’invention par des chercheurs japonais du Kiss Translation Device, complément du logiciel de téléphonie visuelle Skype. Ce gadget permet d’« embrasser » à distance son interlocuteur au moyen d’un boîtier équipé d’une canule qu’il faut placer dans la bouche, canule qui reproduit mécaniquement les mouvements produits par la langue de l’autre. « Pour l’instant, le baiser est plutôt rudimentaire, mais les chercheurs imaginent de l’améliorer en ajoutant le goût, l’humidité de la langue... Il pourrait devenir un nouvel outil de sélection sur les sites de rencontres »9.
Plus rudimentaires encore sont les sex-machines. D’aucuns n’hésitent pas à faire usage de leurs talents de bricoleurs pour créer des appareillages érotiques maison à partir de divers objets de récupération. Cette mode, qui vient notamment des états ruraux des USA (et dont on a un aperçu dans le film des frères Coen, Burn after reading), voit d’honorables pères de famille tenter de fabriquer « la sex-machine idéale »10, pour offrir la jouissance suprême à leurs épouses, ou pour les commercialiser sur Internet. Le pionnier en la matière, Dave Lampert, affirme que sa Sybian « est parfaite », et qu’elle peut « procurer jusqu’à 100 orgasmes consécutifs. » La machine ferait fureur chez les échangistes chrétiens : « ils l’ont plébiscité comme l’instrument de Dieu le plus propre à sauvegarder les liens sacrés. […] Avec une sex-machine, il n’y a pas d’adultère. Il n’y a que du plaisir partagé. » L’on imagine déjà les acrobaties théologiques auxquelles vont devoir se livrer les églises pour moderniser leurs préceptes en matière de morale sexuelle…
Quelle pourra donc être la « morale sexuelle civilisée »11 à l’heure du sexe post-humain, voire non-humain ? Warwick a sa petite idée : « La morale et l’éthique de chacun d’entre nous en seront totalement bouleversées. À ce stade, il sera difficile de toujours nous considérer comme des êtres humains – notre morale sera celle de cyborgs. » Une morale sexuelle scientifique, donc ? Lacan avançait déjà, dans son Séminaire sur L’éthique, que la science tendait à occuper la place du désir : « Je crois qu’au long de cette période historique, le désir de l’homme, longuement tâté, anesthésié, endormi par les moralistes, domestiqué par des éducateurs, trahi par les académies, s’est tout simplement réfugié, refoulé, dans la passion la plus subtile, et aussi la plus aveugle comme nous le montre l’histoire d’Œdipe, la passion du savoir. […] La science est animée par quelque mystérieux désir, mais elle ne sait pas, pas plus que rien dans l’inconscient, ce que veut dire ce désir »12.


* Texte déjà publié dans le bulletin électronique de l’UFORCA en mai 2011. http://www.lacan-universite.fr
1 Cf. le reportage du site Nouvo : http://www.nouvo.ch/133-1
2 Le terme cyborg, issu de la contraction de cybernetic organism, désigne les êtres humains ayant bénéficié de greffes de parties mécaniques.
4 Interview donnée au site LaSpirale : http://www.laspirale.org/texte.php?id=32 Cf. notamment le passage sur le douloureux retrait de la puce : « Je me suis évidemment senti soulagé d’un point de vue médical lorsqu’on m’a retiré cet implant. Mais j’ai également eu la sensation qu’un ami venait de mourir, ou quelque chose dans ce genre. Il manquait d’un seul coup quelque chose à ma vie. »
5 À ce sujet, cf. le travail de l’artiste australien Stelarc, pour qui le corps humain, devenu obsolète, doit introjecter les nouvelles technologies : http://stelarc.org/?catID=20247
8 Cf. l’analyse d’Olivier Aubert, « Travailleurs du cybersexe », Le Monde diplomatique, mai 2011, p. 28.
11 Sigmund Freud, « La morale sexuelle “civilisée” », La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, p. 28-46.
12 Jacques Lacan, Le séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 374, cité par Jean-François Cottes, « Surmoi 2.0 », bulletin Uforca pour l’Université populaire Jacques Lacan, http://www.lacan-universite.fr/?p=1272


Kevin et Irena Warwick

Billet

Pierre Stréliski
 
 
ACF + Uforca, synergie inédite mais logique souhaitée par Jacques-Alain Miller pour donner un souffle nouveau à notre action pour la psychanalyse.
Il était d’usage de séparer l'étude, qui revenait à l’ACF, et la formation, qui revenait à Uforca, ségrégation après tout homologue à celle de l'air du temps. S'unir pour vaincre ou au moins pour défendre le discours analytique, voilà l'enjeu de cette journée.
Ainsi, naturellement, à partir de la journée de mai 2013 sur « Quand les désirs deviennent des droits » et avant le congrès de l'AMP 2014 « Quel réel pour le XXIe siècle ? », nous avons choisi de parler des « Nouvelles pratiques du corps, entre désir et droit ».
Je voulais réfléchir ici à quelque chose, qui est peut-être en amont de cette question des symptômes contemporains : quel lien y a-t-il entre les préoccupations de notre monde occidental et le joug mis sur le désir dans des dictatures d’allure médiévale, entre ici le désir de reconnaissance des minorités émergentes, et là le désir transgressif et dangereux ?
Saute aux yeux que le PPCM entre les deux, c'est l’Œdipe, le cadre de loi du père encore à dépasser ailleurs ou déjà derrière nous chez nous. D’où cette note, avant notre congrès, sur le désir et le droit.
La jeune fille arrête sa course, elle regarde, à droite puis à gauche, sa prunelle noire pétillant d'une joie malicieuse. Elle est grande, frêle silhouette de gazelle juchée sur son grand vélo vert tout neuf, égayé aux bouts du guidon style byker de rubans multicolores. Elle a atteint en quelques coups de pédale vigoureux le bout de la vieille route poussiéreuse, là où l'univers d'une couleur de craie, avec ses maisons suspendues dans un temps inachevé, dans le désert caillouteux peuplé des gens de son enfance, paysage biblique qu'écrase un soleil blanc, abouche le motorway qui longe la côte et mène à la capitale. La grand-route exulte de la modernité de sa circulation qu'on devine bruyante. Elle, la jeune fille qui a grandi, est au bord de ce nouveau monde, devant la mer qui luit. Elle sourit. C'est la dernière image du film d'Haifaa Al Mansour Wadjda, primé à la Mostra de Venise en 2012 comme meilleur film Art et Essai.
C'est le premier film saoudien de l'Histoire. Il raconte l'histoire d'une écolière de la banlieue de Ryad qui veut un vélo. La religion wahhabite interdit aux femmes de faire du vélo. La petite fille parviendra à ses fins en se surpassant pour obtenir ce qu'elle désire. L'auteur est une femme saoudienne de trente-huit ans ; elle a réussi à faire ce film, inspiré dit-elle par Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica, déjouant toutes les difficultés, avec la même détermination que sa petite héroïne. Elle délivre finalement un message optimiste sur le monde où elle est. Elle dit : « L’Arabie  Saoudite est un pays conservateur. Je m'impose des limites dans le travail mais j'essaie toujours de les pousser un peu plus loin lorsqu'il s'agit de m'exprimer sur des sujets de société. Quand j'évoque des sujets qui me tiennent à cœur, tel que le problème des droits des femmes saoudiennes, je pousse les gens à engager le dialogue et je pense qu'ils apprécient. […] J'espère que le public saoudien comprendra ma démarche. Si un père saoudien voit le film et décide de donner quelque chose même modeste à sa fille, cela représenterait déjà beaucoup pour moi ».
Cette petite fille me rappelle une autre petite fille, cette image me rappelle une autre image, celle d'Osama la petite fille afghane qui se déguisait en garçon pour échapper à son sort de fille, dans le film terrible de Siddiq Barmak il y a quelques années.
Sans doute l’Arabie Saoudite n’est-elle pas l'Afghanistan et entre les deux y a-t-il eu le souffle libérateur du Printemps Arabe. Mais partout, le goût de la dictature « résiste » en effet. Le pouvoir phallique s'accroche aux lambeaux des vestiges du passé. Il brandit souvent la doctrine religieuse comme carcan d’un Ordre où se serrer. À ce moment là, la religion fait rage. « On ne subjugue pas ainsi les esprits, on les révolte » écrivait Voltaire.
La psychanalyse alors devient coupable de transgression, elle redevient cette vérité nue qu'il faut écraser : c'est hier Rafah Nached qu'on embastille, et c'est aujourd'hui Mitra Kadivar qu’on interne en hôpital psychiatrique. Idiotie d'un aveuglement barbare : ne sait-il pas qu'il ne peut pas endiguer le mouvement de la mer et que la vague qu'il croit être un caprice est une puissance plus forte que celle du sens qu'on prête à Dieu ?
Mais c'est aussi mezzo voce le combat d'arrière garde de ceux qui, dans nos vieux États, pensent encore avec le goût de l'Ordre classique. « Chaque ouvrage est un tout, la Nature travaille sur un plan éternel dont elle ne s’écarte jamais : elle la développe, elle la perfectionne par un mouvement continu. L’ouvrage étonne, mais c’est l’empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper. L’esprit humain, s’il imite la Nature dans sa marche et dans son travail, s’il s’élève par la contemplation aux vérités les plus sublimes, s’il les réunit, s’il les enchaîne, s’il en forme un tout, il établira sur des fondements inébranlables, des monuments immortels1 ». Perfection du style de Buffon, perfection du triangle inscrit dans le cercle, beauté de l'Œdipe, confinement satisfaisant du monde dans le sens. L’Art y excelle, nombreuses sont les œuvres d'art dont la composition adopte cette forme parfaite. Fabienne Verdier, artiste peintre française toute imprégnée d'autres savoirs que ceux de notre culture « occidentée » décèle ce triangle dans La Vierge à l'enfant de Domenico Ghirlandaio et en déduit l’épure, ce qu'elle peint : un trait noir vertical : le phallus.
En lisant l'autre jour le dialogue amusant de J.-A. Miller avec Confucius sur les mérites de la praxis par rapport à ceux de l'étude (Lacan Quotidien n° 283), je me disais qu'en effet il y avait Confucius, celui qui refuse les honneurs et continue de chercher, et qu’il y a aussi Bouddha, l’Éveillé certes, mais qui est alourdi par le goût de l'ornementation. Bouddha et son embonpoint, triangulaire lui aussi, qui ne peut pas penser un espace infini. À la tribune sur l'action lacanienne le 2 février Jean-Pierre Winter était un tel triangle érudit, normalement fermé à un savoir troué par un au-delà des frontières du livre.
Au fond, le débat houleux sur « mariage pour tous » ou « mariage pas pour tous » se superpose exactement aux catégories de la sexuation que dessine Lacan dans Encore : « Pour tout x » d'un côté et sa fonction du père, « réti-sens », comme l'écrit Lacan, bien plus que « résistance », et « Pas pour tout x » de l'autre, « inscription de la part femme des êtres parlant », qui ouvre un monde ouvert, illimité.
Et, s’il y a dans notre monde hypermoderne dominé par son discours capitaliste et l'inflation des lichettes de jouissance qu'il génère, un mouvement, une transformation du désir hier normalement moteur du sujet dans le lien au manque où il naissait, vers une jouissance revendiquée comme un droit pour traiter ce manque, si, dans notre monde « les désirs deviennent des droits » et deviennent matière à législation — et c'est une tartuferie de ne pas examiner cette réalité quelquefois encombrante en y opposant la désuétude d'un ordre œdipien — il y a aussi des endroits du monde où justement cet ordre est féroce et où la question du sujet est encore celle de faire reconnaître ses droits au désir. Cela rend d'autant plus obscènes les zélateurs du père qui dans notre monde illimité veulent contenir le monde dans des frontières qui ont disparu. Cela s'appelle au mieux le protectionnisme, au pire cela est innommable.
Sans doute n’est-ce pas la même chose que le droit de désirer et que le désir d’un Droit, mais nous sommes dans un interregnum, dans ce moment où il existe un vide du pouvoir quand les Lois passées ne fonctionnent plus et quand les Lois futures ne fonctionnent pas encore. Cela donne quelquefois des cacophonies amusantes : une hôtesse de British Airways, condamnée en Angleterre pour le port d'une petite croix sur son uniforme, se voit rétablie dans ses fonctions par le tribunal européen des droits de l'homme qui condamne l'état anglais. Cela est plus effrayant quand les libertés sont muselées par une férule d’État.
La psychanalyse n’a jamais, depuis son début, été l’alliée de l’ordre établi ; elle est pour les Lumières et contre l’obscurantisme ; elle est l'amie de Wadjda la petite fille qui veut avoir le droit de faire du vélo dans un pays islamiste, elle est l’amie de Racha, elle est l’amie de Mitra, elle est l’amie des femmes qui se battent pour que leurs désirs deviennent des droits.


1 Buffon, De, Discours prononcé à l’Académie Française le jour de sa réception le samedi 25 août 1753.

Le photographe - Simone Perolari

Anne-Marie Le Mercier


Simone Perolari, d’origine italienne vit à Paris. Il nous a accordé la possibilité de concevoir l’affiche du Forum à partir d’une de ses photos des Femen. Cette photo a été prise, pour le compte de Luzphoto Agency, au siège du regroupement des Femen, au théâtre Lavoir moderne à Paris.
Simone Perolari aime surtout les portraits et les reportages. Le travail sur le terrain a sa préférence : « Je regarde et je prends simplement ce que je vois, sans modifier la situation, le récit. » En 2005 il commence à suivre des immigrants et des sans-abri et collabore la même année, avec Amnesty International et Médecins sans frontières en Italie.
On peut consulter ses travaux en tapant son nom sur Google : « Immigrants », « Slaves du XXIe siècle », « Star and fan », « La bourse de Chicago »… Il saisit l’expression des passions dans leur diversité, tentant d’attraper l’affect qui saisit le sujet au corps, sans insister sur le drame… « Je ne suis pas un photographe de guerre car je n’aime pas ce travail. Je préfère le reportage social dans lequel je cherche à faire voir les passions humaines, dans le sport aussi bien que les manifestations, le travail, les jeux… Je cherche à faire voir un récit, celui de l’humanité de la personne, mais pas la souffrance dramatique. » 
Ses portraits, pris sur le vif, traduisent tout à fait ce qu’il vise dans la capture du mouvement ou du regard : « Je suis touché quand je parviens à immortaliser une expression dans un contexte particulier. » Passionné de sport il réalise, en 2012, une série de photos sur le rapport entre les stars du sport et leurs « fans ».