Le forum Campus – Psy, « Nouvelles pratiques du corps : entre désir et droit » C’est le 5 octobre, à Rennes, inscrivez-vous rapidement !


Anne-Marie Le Mercier
Organisé conjointement par l’Association Cause freudienne Val de Loire–Bretagne et les sections et antennes cliniques de l’Ouest, ce forum est un évènement. Des psychanalystes recevront des juristes, un physicien, des sportifs, des médecins, et des cliniciens, pour dialoguer avec eux sur la façon dont chacun traite les questions politiques, éthiques et scientifiques soulevées par les pratiques contemporaines du corps.
Les avancées de la science, de la médecine, de la technologie permettent de franchir nombre de limites jusque là imposées au corps par la maladie ou le handicap, mais aussi de modifier le corps sexué, et d’amplifier les performances sportives, sexuelles, voire intellectuelles… Au-delà du soin, elles suscitent des désirs et des revendications face auxquelles le juriste, le médecin, le psychanalyste et le clinicien ne peuvent rester indifférents.
Notre forum sera vif, ouvert. Il conjuguera diverses approches théoriques, cliniques, éthiques, et nous espérons qu’il permettra à chacun de trouver un éclairage précis sur des questions que nul ne peut tenir pour résolues.
Maître Charrière-Bournazel, président du Conseil National du Barreau jusqu’en juillet dernier, ancien Bâtonnier du Barreau de Paris, nous parlera du lien entre le droit et la vie. Maître De Gouberville, avocate rennaise, évoquera la pratique du juriste face aux nouvelles stratégies concernant le désir d’enfant. Le professeur Etienne Klein, physicien, enseignant à l’Ecole Centrale, docteur en philosophie des sciences et directeur du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière au CEA de Saclay, nous éclairera de son expérience sportive de l’ultratrail, tout en s’interrogeant sur les espoirs et les craintes que peuvent susciter les nanotechnologies dans la quête de la performance. Des sportifs de haut niveau comme Stéphane Houdet champion handisport de tennis, témoigneront de leur rapport aux limites du corps et à la vie, dans leur pratique sportive… Le Docteur Odile Buisson, gynécologue, connue pour ses travaux et ses publications sur la sexualité féminine et le point G, traitera du droit au plaisir…
Des psychanalystes et des cliniciens apporteront également leur témoignage et leurs questions concernant le thème de notre forum : Pierre-Gilles Guéguen, le Docteur Bernard Porcheret, le Professeur Jean-Claude Maleval, le Docteur Armelle Guivarch, le Docteur David Briard…
Psychanalystes ou non, si cette question du corps dans la société contemporaine vous intéresse, n’attendez plus pour vous inscrire !
LE FORUM EST OUVERT A TOUS !
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Disposer de son corps
Guilaine Guilaumé

L’exposition « Au bazar du genre : féminin/masculin en Méditerranée » créa l’événement en juin dernier lors de l’inauguration du MuCem (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille. Elle rend compte des divers modes de vie selon le genre masculin ou féminin qui indexe l’individu, des coutumes qui y sont liées ainsi que des troubles engendrés par cette partition au fil des temps révélant que, depuis longtemps, l’anatomie n’est pas le destin et que, depuis Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient ».  
En juin également, le film Bambi est sorti en salle, documentaire réalisé par Sébastien Lifshitz qui dresse un magnifique portrait de l’une des premières transsexuelles françaises, née Jean-Pierre Pruvot en 1935 à Alger. «  J’avais la haine de mon prénom, je ne voulais pas être ce prénom ». Lorsqu’elle découvre, à 17 ans,  la revue d’un cabaret de travestis en tournée, sa vie bascule. Elle se fait opérer en 1958 et devient Bambi, figure mythique des cabarets parisiens des années 50-60. Elle déclare avoir voulu être elle-même, se libérer de cette identité sociale qu’elle ne percevait pas comme étant la sienne, elle dit avoir voulu s’arracher à un destin tout tracé.
Permettre à chacun de disposer de son corps comme il l’entend est un signe de notre temps produit par les progrès technico-scientifiques alliés à l’explosion libérale. Le désir prométhéen de l’homme lui fait espérer le « meilleur des mondes » : celui où la bio-technologie permettra de fabriquer des créatures selon le bon plaisir de chacun. Que ce soit sur le plan des performances physiques et sportives, de la fécondation, de la procréation, la science se fait l’alliée des jouissances des sujets. Le droit est convoqué dans certaines occasions, comme dans celle de la GPA (gestation pour autrui). En France, plus de 1000 enfants de couples, essentiellement hétérosexuels et infertiles, seraient nés d’une mère porteuse, rémunérée, dans certains états des USA, au Canada ou en Inde. Les plus âgés ont une vingtaine d’années et la récente circulaire Taubira vise à faciliter l’obtention d’un certificat de nationalité française (et non pas une inscription à l’état-civil français) pour les 44 cas recensés par la justice entre 2008 et 2011,  issus d’une GPA à l’étranger.
Toutes ces inventions humaines pour donner droit aux désirs et à la jouissance se heurtent aux idéologies les plus diverses. Bien après l’invention de la psychanalyse, les sciences sociales et les religions ont encore beaucoup de difficultés à lâcher leur arrimage à un naturalisme, grand ordonnateur des liens entre les sexes.
La psychanalyse, loin de tout moralisme et de toute nostalgie, promeut une éthique qui contre toute tentative de communautarisme et de ségrégation. Pour la psychanalyse, pas de norme qui vaille, ni aucun ordre social, naturel ou religieux. Seul l’ordre du symptôme, singulier à chacun, saturé de jouissance, constitue la boussole permettant de lire l’époque contemporaine. « À l’endroit des actions humaines, il s’agit de ne pas se moquer, ne pas prendre en pitié, ni en haine, mais de comprendre ». (Spinoza, Traité sur la politique).
Pour la psychanalyse, au fond,  le grand bazar, c’est le sexuel, bazar dans lequel chaque sujet se débrouille à sa façon, car il n’existe aucune essence de l’être, a fortiori de l’être masculin ou féminin. Le sexe qui marque les corps, indéniablement, ne dicte rien aux sujets et « le sinthome est bien le destin que chacun peut donner de mieux à sa Jouissance ». (Quarto, n° 104, p. 2 ).
L’Association de la Cause freudienne, les Sections et antennes cliniques, de la région Val de Loire-Bretagne ne sont pas à la traîne sur ces questions puisqu’elles organisent, conjointement, le samedi 5 octobre 2013 à Rennes, une journée prometteuse sur toutes ces questions de société.
Alors, si vous ne connaissez pas Campus Psy, si vous ne connaissez pas le blog préparatoire à la journée, si vous n’êtes pas inscrit, réagissez ! Ouvrez très vite votre ordinateur, tapez : campuspsy-vlb et découvrez l’argument, le programme, les contributions et les modalités d’inscription au forum. Ne ratez pas cette occasion d’entendre des sportifs de haut niveau, des professionnels du droit et de la santé parler de notre monde contemporain à partir de leurs expériences subjectives. Ne ratez pas non plus l’occasion d’entendre des psychanalystes donner de la voix sur la politique de la cité.
Inscrivez-vous, nous vous attendons nombreux ce jour-là car ce forum sur les manifestations diverses et variées de la subjectivité ne peut pas se tenir sans vous, sans la libido nécessaire à toute entreprise humaine, la marque du vivant en chacun de nous.
C’est ce qu’a formulé avec vigueur Olivier Py, futur directeur du Festival d’Avignon, dans cette admonestation qu’il adresse au monde lors d’un entretien à propos de son dernier spectacle, qu’il joue en travesti, « Miss Knife chante Olivier Py », donné cet été dans le off  : « Les corps sont exposés, manipulés, utilisés, mais on manque de corps. Il n’y a pas assez de libido, pas assez de circulation entre l’intérieur et l’extérieur. Cette circulation est la vie même ».
Alors, gageons que le 5 octobre, nous serons tous présents, en chair et en os, vibrant de ce lien qui nous unit à la psychanalyse et à la vie.